Christian Ben Lakdhar dans un petit ouvrage : Addicts (2020), nous incite à un regard empreint de plus de lucidité sur les conduites addictives. En effet, le tout ne pourrait se réduire aux substances. Il faudrait encore que nous sachions, collectivement, “faire avec”. Sans faire abstraction des substances, de leur dangerosité, on y est alerté sur le fait que des conduites addictives tolérées, valorisées existent et pourraient aussi nuire sans une régulation des concernés avec leur environnement. Notre rapport au travail, aux achats, au sport, au sexe, aux écrans ne fait-il pas déjà de nous des “accros” qui s’ignorent ?
Il n’est pas question de banaliser le problème des addictions mais de le considérer instruit d’un recul dont on ne disposait pas il y a un siècle. Les drogues sont dangereuses, nuisent aux individus certes, pour autant, y recourir hors champs et facteurs protecteurs ou régulateurs est plus préjudiciable à ceux qui, hélas, viennent à y recourir. Une des questions intéressantes que pose cet ouvrage est celle de la condition humaine prise dans des rapports sociaux complexes, parfois aversifs et dominateurs à l’individu, et celle de sa “liberté” à altérer son état de conscience, à défaut de mieux-être ou, simplement, de ne pouvoir faire autrement mais à moindre risque, quoique dangereusement… A vrai dire cette épineuse question, n’y avons-nous pas déjà et autant que faire se peut, répondu de manière revisitée au besoin avec l’alcool et le tabac ?
S. Raymond Aïgba