Clinique du développement

Clinique du développement

Pour nos yeux déjà usés, le corps humain constitue, par droit de nature, l’espace d’origine et de répartition de la maladie : espace dont les lignes, les volumes, les surfaces et les chemins sont fixés, selon une géographie maintenant familière, par l’atlas anatomique. Cet ordre du corps solide et visible n’est cependant qu’une des manières pour la médecine de spatialiser la maladie. Ni la première sans doute, ni la plus fondamentale. Il y a eu et il y aura des distributions du mal qui sont autres.

Foucault M. (1963), Naissance de la clinique

Les manuels pédagogiques auxquels ne manquent jamais, tout à fait, la tentation d’instruire la légende de leurs hommes retiennent, en psychologie, que S. Freud fut celui sous la plume de qui apparut l’expression “psychologie clinique” en 1899. Il soulignait alors les relations de l’expression avec les conflits et la vie.

Naissance de la clinique

Pour M. Foucault, étudiant à sa façon archéologique, les transformations historiques, dans le champ médical, qui structurent l’expérience clinique ; l’idée de la clinique pourrait renvoyer à plusieurs éléments thématiques flous. On pourrait y faire référence aux effets singuliers de la maladie sur le malade, à la diversité des tempéraments individuels, aux possibles évolutions de la maladie, à la nécessité d’une perception de la maladie aux aguets, inquiète de ses moindres formes de modalités visibles, à la forme empirique, cumulative et ouverte du savoir médical, à des notions usagées qui formaient l’équipement de la médecine grecque. De tout cela et même plus, il serait possible de faire mention, ou l’évocation par le vocable de la clinique. Mais ce qui marquerait durablement la clinique serait : à mesure que la connaissance anatomique du savoir médical se précisait, la perception de la finitude et de la contingence des hommes comme limite et prétexte d’un nouveau savoir. En occident, nous dit Foucault, une connaissance, un savoir nouveau s’institue au sujet de l’individu qui passe par le regard médical et fouillé de la dépouille mortelle. Les implications de cette expérience, ne sont pas que d’ordre méthodologiques pour la médecine. Elles sont fondatrices, au-delà d’une vision médicale des restes organiques, du recul de mise en sciences humaine faisant le prix, sans valeur, d’une parole individuelle. Cette expérience qui s’est voulue positive, disons positiviste, et l’occasion de rompre avec les superstitions et discours sur la mort que portait la maladie des espèces, reste la même qui, une fois poussée à son terme et épuisée dans le mur de la mort ; ouvre à cette disposition clinique de l’intérêt pour la subjectivité quelle que soit ce qu’elle dira et la manière dont elle le dira. La clinique donc, armée ou non, s’essayera à entendre la plainte ou la parole individuelle aussi par-delà la correspondance, la coïncidence du mal au corps.