S. Raymond AÏGBA

PSYCHOLOGUE

Diplômé en 2010 d’un Master de psychologie à l’Université Toulouse Jean-Jaurès, puis en 2015 d’un doctorat en psychologie dans cette même université, j’ai officié pendant plusieurs années en tant qu’enseignant-chercheur. Mes premières attributions de chargé de cours me permettaient, à partir de 2011, de faire mes premiers pas d’enseignant après mon admission en recherche et validation de stages de professionnalisation. Il me fallait aussi travailler pour “financer mes études“. En fait, je travaillais pour vivre, payer mes frais d’inscription chaque année et mettre de l’argent de côté pour des moments où je « savais » que je n’en aurai pas. Autant dire que parfois, l’université et les études passaient bien au second plan. Je m’en rappelais, plein de remords coupables quand il fallait chaque année pointer en préfecture, remettre en jeu son titre de séjour sous le contrôle, parfois fort zélé de quelques aspirants fonctionnaires.

Un peu avant et après avoir tenté, sans succès un concours de sélection pour un master en psychologie clinique, je fais un délicat, mais enrichissant détour en 2008 en philosophie avant de me résoudre à postuler pour un master recherche en psychologie du développement en 2009. Ce fut une belle année où j’étais content de renouer avec la psychologie, d’y introduire des questions avec un autre angle d’attaque et pendant laquelle j’ai appris à rechercher, en psychologie, une conception du développement social et contextualisé de l’enfant puis de chaque personne dans une histoire, une époque : Henri Wallon (1812 – 1904), Ignace Meyerson (1888 – 1983), Lev Vygotski (1896 – 1934) et plus près de nous Lucien Sève (1926 – 2020) seront autant d’auteurs déterminants et inspirants de ce pas de côté. L’année suivante je commence mes années de doctorat pour lesquelles nous (Chantal Zaouche-Gaudron : ma directrice de thèse et moi), entretenons l’espoir d’un financement. Ce sera finalement sans. Il va me falloir compter sur quelque apport sur fond propre de mon laboratoire d’accueil (PDPS puis ensuite LISST-Cers), mes rétributions de veilleur de nuit et chargé de cours, les retombées de quelques projets de recherche auxquelles je participais, puis une bonne dose d’ingéniosité pour soutenir ma thèse en septembre 2015 sur le rapport à l’eau des enfants en Afrique subsaharienne rurale.

Naturellement, si j’avais à faire un tel travail aujourd’hui, le rendu pourrait en être légèrement différent mais ce travail dont vous pourrez trouver une copie ici m’a permis l’exercice d’un certain recul sur le rapport du savoir psychologique à la marche réelle du monde ; un rapport bien moins transparent et simplement “bienveillant” qu’il y parait. Au regard de quoi et à défaut rapports humains simples, je reste convaincu que la diversité des profils, perspectives et orientations psychologiques reste plutôt un bien. Mes années de doctorat sont stimulantes mais difficiles, aucune de mes tentatives de publication d’article, après de longs échanges avec des éditeurs, ne sont fructueuses. Je me lasse, abandonne ; parfois ne souhaite plus publier… En 2016, je suis déjà en train de mettre sur pied un projet d’installation en libéral quand ma candidature, à un poste Ater (Attaché temporaire d’enseignement et de recherche) est retenue à Rennes 2.

Mon intégration dans mon nouveau laboratoire d’accueil à Rennes (LP3C), est des plus courtois et affable. J’y travaille avec des collègues et doctorants absorbés à considérer des sujets aussi divers que les syndromes génétiques rares (Williams, Prader-Willi…), l’apprentissage de la lecture chez des enfants porteurs de telle et autres déficiences, les troubles du spectre autistique… J’y apprends beaucoup en nouveaux protocoles de recherches, en outils d’évaluation des enfants mais traîne comme un boulet, dans une équipe dynamique, le fait de n’avoir publié pendant mes années de doctorat. Mon questionnement y parait intéressant, mais méthodologiquement et dans la fièvre de la course aux revues à impact factor, personne ne s’y risque à émettre un avis autre que d’amicaux encouragements. J’y commets aussi sûrement des erreurs d’appréciation ; une volonté de publier un tel article d’abord avant un tel autre, une inflexibilité à soumettre à une revue dont le directeur me tend la main parce que j’ai rédigé l’article en question pour une autre… Bref bien de maladresses joliment humaines à l’issue desquelles je quitte Rennes sans la moindre publication, seulement satisfait d’avoir fait de mon mieux pour répondre, sans faire de vagues, aux besoins des étudiants et collègues de l’Université Rennes 2.

En Mai 2018, je suis recruté à Lille pour un projet théoriquement et méthodologiquement bien avancé, comme Assistant ingénieur d’étude. Je me mets au diapason d’une nouvelle équipe (PSITEC) pour ce projet d’étude des déterminants psychologiques de l’orientation scolaire chez les adolescents orphelins. J’y travaille huit mois à construire et mettre en ligne, sur les indications des enseignants chercheurs impliqués, un outil informatique de recueil de données pour l’étude. Ce travail est aussi, pour moi, l’occasion de riches échanges et controverses sur le développement et la diversité des contextes. Il donnera suite à un article rédigé pour un colloque (BECO) tenu en 2019 à Toulouse dont les actes restent consultables ici. A la suite du déclenchement la crise sanitaire COVID, je m’aventure à publier un article donnant un aperçu des vulnérabilités nouvelles auxquelles cette pandémie pourrait exposer les enfants en Afrique ici, avant de publier un article revenant sur le travail de ma thèse ici. En Mars 2021, après de longues réflexions et hésitations, je finis par relever le défi de mon cabinet que voici …

photo-raymond-aigba

S. Raymond Aïgba