Sens de l’honneur et patriarcat

Mettons le doigt dans l’engrenage d’une question civilisationnelle aux mille ramifications. Il ne saurait donc, à l’instant, être question d’apporter une réponse, mais d’y réfléchir. Je pars d’un autre ouvrage de David Graeber, dont il fut déjà question ici à propos des jobs à la con. Dans son ouvrage intitulé Dette (2011/2013), il vient à réfléchir sur le sens de l’honneur dans le processus historique d’émergence des sociétés patriarcales. Ça donne ceci :

Quand nous pensons, pour la plupart, au sens de l’honneur d’un villageois méditerranéen, ce qui nous vient à l’esprit est moins la désinvolture envers l’argent qu’une véritable obsession pour la virginité avant le mariage. On pourrait même dire que l’honneur d’un homme réside moins dans sa capacité de protéger les femmes de sa famille que de défendre leur réputation sexuelle, de réagir à toute suggestion d’inconduite de sa mère, de son épouse, de sa sœur ou de sa fille comme s’il s’agissait d’une agression physique directe contre lui. C’est un cliché, mais il n’est pas entièrement injustifié […] Donc, pourquoi cette soudaine obsession pour la rectitude sexuelle ? Elle ne paraît pas présente dans les documents gallois ou irlandais, où la pire humiliation est de voir sa sœur ou sa fille réduite à laver le linge de quelqu’un d’autre. Qu’y a-t-il donc dans l’ascension de la monnaie et des marchés qui ait pu inspirer à tant d’hommes une telle inquiétude à propos du sexe ?

J’y reviendrai…

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S. Raymond Aïgba

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