Qui croire ?

Une distinction bien connue des linguistes, joue et fait le départ de l’énoncé comme contenu littéral et disons factuel ou premier d’un discours à la situation d’énonciation. Cette dernière situe (dans des modalités inépuisables) en contexte et dans le cadre qui l’actualise au-delà du contenu premier, ce dernier pour un contenu second.

Cela pourrait sembler difficile à saisir mais pas vraiment si l’on réfère à bien de contes de Nasreddin Hodja, mystique soufi ayant vécu au XIIIème dans l’actuelle Turquie et dont les faits et gestes narrés depuis, continuent de nourrir un imaginaire et un art de la dérision populaire dans le bassin méditerranéen et au-delà.

En voici un:

« Un voisin était venu demander à Nasreddin Hodja de lui prêter son âne. Celui-ci n’en avait nullement l’intention et dit :

— Je te l’aurais prêté volontiers mais mon âne n’est pas ici.

A peine eut-il prononcé ces paroles qu’on entendit le cri de l’animal.

— Hodja, n’as-tu pas honte, à ton âge, de mentir effrontément ?

Et Nasreddin de répondre :

— Il est possible que je mente. Mais c’est étrange que tu croies mon âne plutôt que moi. »

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S. Raymond Aïgba

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